Des couples de petits rentiers, D'ouvriers malingres et blêmes, Habitants des pauvres quartiers Où meurent les faubourgs extrêmes, Le dimanche, n'y tenant plus, Quittent la ville ainsi qu'un bagne. Ils vont passer sur les talus Une journée à la campagne. Assis ou couchés vaguement, En face des tables d'auberges, Ils voient comme un site charmant Les carrés de choux et d'asperges ; Les petits murs blancs, les enclos, Les comptoirs d'étain dans les bouges, Les blés grêles et les îlots Des maisonnettes aux toits rouges. Au sec pétillement des tirs, Au grincement des balançoires, Ils demeurent là sans désirs, Parmi ces gazons dérisoires. Simple et triste rapprochement ; Corps chétifs, nature chétive ! Leurs yeux, qui brillent un moment, Par une mémoire instinctive Des paysages oubliés, Cherchant plus loin une autre scène, Regardent vers les peupliers Qui marquent les bords de la Seine. |
POÈME DE ALBERT MÉRAT MUSIQUE DE MICHEL AGNERAY |