Le fifre siffle, siffle le fifre. Tandis que l'Univers s'empiffre Dans la bacchanale du chiffre, Le fifre siffle sous le pifre. Et phuitt-phuitt-phuitt, et phuitt-phuitt-phuitt. À deux temps, trois temps ou six-huit, Par nécessaire ou cas fortuit Siffle le fifre, cuit-cuit-cuit. Et que ce soit l'huître ou la perle, Que Paris soit calme ou déferle, Quand il ne veut pas qu'on l'emmerle, Siffle le fifre comme un merle. Faut-il pas se gausser de tout, Pour ne point sentir le dégoût Qui monte des tuyaux d'égout ?... Si le fifre siffle, il s'en fout. Ce n'est ni torgnole, ni gifle, Ni boxe anglaise, ni mornifle ; Il n'écornifle, ni renifle... Mais gentiment le fifre siffle. Il ne sait point donner leçon, Et n'a pas l'humeur d'un basson. Il siffle, c'est là sa façon, Le fifre, tel un gai pinson. |
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POÈME DE ÉMILE GOUDEAU MUSIQUE DE MICHEL AGNERAY |